A la sortie du désert, la Muraille...

ULAN BAATOR/ PEKIN

8 OCTOBRE/29 OCTOBRE

Samedi 8 Octobre

Ulan-Baator-Bayan-110Km

Jour de départ, après une bonne semaine de repos et après avoir fait faire un visa de trois mois pour la Chine, je peux enfin me diriger vers le désert de Gobi.
Je me suis équipé pour le froid au black-market, un des plus grands marchés de ce genre en Asie, un véritable dédale où presque tout est trouvable.
La rue principale est aujourd'hui interdite aux voitures, c'est le moment idéal pour sortir de cette ville. On dessine sur le goudron, des parties de football et de basketball sont organisées là où habituellement a lieu un concert de klaxons.
Je retrouve la steppe mais la saison a un peu avancé et le paysage s'est transformé, il est d'une belle couleur jaune.    

Dimanche 9 Octobre 

Bayan-Choyr-100Km

La végétation commence à se raréfier, l'herbe s'espace et pousse dans du sable, des boules de paille poussées par le vent traversent la route. Je fais mon entrée dans le désert de Gobi.
De rares petits villages traversés par le trans-mongolien permettent de se ravitailler, ici c'est le charbon qui fait vivre la région.   

Lundi 10 Octobre 

Choyr-Dalanjargalan-99Km

A Choyr, petit village en barres de béton, je fais un bon ravitaillement en eau. A partir d'ici les villages vont être plus rares et la route se transforme en piste.
J'ai comme point de repère le trans-mongolien, la route en construction et comme aide extérieur quelques indications que Seb, un autre cyclo, m'a donné par mail.
Rouler sur piste c'est en chier à cause des pierres, du sable, des crevaisons,des camions qui soulèvent des volutes de poussière mais c'est aussi se sentir plus intégré dans ce monde si particulier, le goudron mettant une certaine "barrière" entre soi et les éléments. C'est pourquoi il est tout de même agréable de rouler ainsi et de se sentir un poil plus libre...
Le désert donne également une grande impression de vide, celle de se sentir seul et isolé, presque vulnérable sans avoir toutefois une sensation de danger.
Toutes ces émotions sont d'autant plus tangibles le soir quand seules quelques faibles lueurs au loin, très loin, dévoilent le peu de civilisation.
Rien ne coupe le regard!!    

Mardi 11 Octobre 

Dalanjargalan-Avant Saynshand-104Km

Je traverse de bien tristes petits villages mais  ils sont indispensables pour trouver eau et nourriture. La  prochaine étape sera longue et sans rien si ce n'est quelques rares maisons pour la plupart inhabitées.
Je passe près de quelques yourtes, ici on extrait l'or avec des moyens rudimentaires, apparemment un fléau pour l'environnement.
Je croise la route de chameaux qui vivent en semi-liberté mais j'ai aussi la chance de croiser des antilopes du désert, tout un troupeau qui passe au galop. Elles ralentissent un peu plus loin et s'arrêtent pour m'observer afin d'évaluer le danger. Difficile de prendre des photos ou vidéos, l'animal est craintif.     

Mercredi 12 Octobre 

Avant Saynshand-Orgon-111Km

J'arrive à Saynshand, capital de l'aimag qui couvre l'Est du désert du Gobi. On y ressent un monde dur, les visages sont moins souriants, je ne pense qu'à une chose, quitter les lieux au plus vite.
Pendant que je mange dans un restaurant, je me fais voler mes deux gourdes, première fois qu'une petite mésaventure de ce genre m'arrive...
Je reprends ma traversée du désert avec plaisir, paradoxalement je m'y sens plus en sécurité. Ici, la route en construction est goudronnée, je peux alors mettre les voiles.
Je remarque vite que le désert devient encore plus aride, l'herbe devient encore plus rare, il est difficile pour la vie de se faire une place dans ce sable et entre les cailloux.

Jeudi 13 Octobre 

Orgon-Avant Dzamin-Uud-118Km

Je retrouve la piste, la portion sans goudron n'ayant pas fait long feu. Le relief devient plus accidenté et la chaine de mon vélo n'arrête pas de sauter, je la raccourcis.
Au détour d'une petite colline, oh surprise, je tombe sur une yourte où il est possible de manger, un vrai plaisir de se restaurer même si j'en ai par dessus la tête de manger du mouton.
Le paysage ne changeant guère, j'ai la sensation de me mouvoir difficilement, l'impression de me retrouver tel une fourmi dans un monde trop grand pour moi et difficile à appréhender.
Je croise la route d'un camion citerne qui transporte de l'eau, il m'apprend qu'il a croisé un couple à vélo, sans doute Seb et Elodie, un couple que je dois rejoindre afin de rouler ensemble. C'est le genre de nouvelle qui redonne de l'énergie, je repars motivé.  

Vendredi 14 Octobre 

Avant Dzamin-Uud-Dzamin-Udd-58Km

Le désert laisse ses traces de fatigue peser sur mes épaules.
C'est donc avec l'intention de me reposer un peu que j'arrive dans le village frontière dont je fais le tour.
Je croise Chris, un Canadien avec qui je prends mon dernier repas mongol, lui va à Ulan-Baator que j'ai quitté il y a déjà une semaine.
C'est le black-out complet ici; deux mongols, sans doute des employés de la compagnie d'électricité locale, sont en train de réparer des câbles avec des moyens pour le moins rudimentaires.
Heureusement l'électricité revient avant qu'il ne fasse nuit.

Samedi 15 Octobre 

Dzamin-Uud-Sur la route 208-60Km

Le village se réveille à peine que je suis déjà en route avec deux objectifs, premièrement traverser la frontière pour entrer en Chine et deuxièmement, retrouver Seb et Elodie qui sont dans ce pays depuis la veille.
Les formalités ne sont pas très difficiles mais les choses se compliquent quand il me faut transporter mes bagages pour les passer au scanner puis quand il me faut trouver une jeep car il est interdit de passer le no man's land à vélo.
Du côté chinois, c'est avec le sourire que l'on contrôle mon passeport, je peux remonter alors dans la jeep pour passer la dernière barrière, chose faite je demande au conducteur de s'arrêter.j'effectue alors mes premiers tours de roue en Chine et entre dans la ville de Erenhot.
J'ai l'impression d'être propulsé trente ans en avant; les route sont larges et bitumées, les bâtiments flambant neuf, on sent que le niveau de vie n'est franchement pas le même.
C'est ici que je retrouve Seb et Elodie afin d'effectuer ensemble un bout du parcours qui nous attend en Chine, notre but étant de rejoindre Beijing en passant par la grande muraille, une section de ce long mur qui se trouve à l'Est de la capitale.  

Dimanche  16 Octobre 

Sur la route 208-Sonid-Yougi-88Km

A Sonid-Yougi nous réalisons vite que les chinois sont accueillants; on nous aide à trouver le bon magasin, la bonne route, un coin pour manger.....
On nous regarde, on observe nos faits et gestes, on nous sourit, on se demande parfois si on se moque pas un peu de nous mais tout est fait dans une bonne ambiance.

Lundi 17 Octobre 

Sonid-Yougi-Xianghuang-QI-98Km

Il est difficile de trouver notre chemin, la route qui nous est conseillée par les locaux n'existe pas sur notre carte. Mais nous avançons bien, le vent dans le dos.
Le rythme de ma journée s'est bien transformé, il n'est plus question de partir aux aurores, nous prenons bien le temps de voyager et ce changement n'est pas pour me déplaire.
Nous sommes toujours dans le désert du Gobi mais la présence humaine se fait bien plus ressentir: villages plus nombreux, villes, des lieux de cultes...
Le soir, de jolis rochers rouges, un lac et une belle luminosité me fascinent, je commence à bien apprécier ce pays.

Mardi 18 Octobre 

Xianghuang-Qi-Près de Huade-51Km

Arrivé au centre de Xianghuang Qi notre première préoccupation est de retirer des yuans ce qui s'avère impossible.
Une Mongole nous apprend qu'il n'est possible de retirer avec nos cartes que dans les grandes villes. Elle nous prend en pitié et nous invite à manger des nouilles chez sa grand-mère afin que nous puissions conserver le peu d'argent qui nous reste.
Nous faisons quelques courses dans un super-marché, se forme alors un attroupement d'une trentaine de personnes, intriguées par le spectacle de blancs qui voyagent en vélo.

Mercredi 19 Octobre 

Près de Huade-Huade-34Km

Vent fort de face pour la matinée.
Nous essayons de retirer de l'argent mais sans grande conviction et là, surprise, les billets de cents yuans sortent de la machine. Il est incroyable que l'on puisse être aussi dépendant d'une telle machine!!!
Nous partons alors à la recherche d'un hôtel afin de prendre une bonne douche, nous négocions bien les prix et nous nous retrouvons pour un petit prix dans une belle chambre toute équipée. Malheureusement, nous n'avons pas le temps d'en profiter, on frappe à la porte, la police entre et nous demande de nous suivre à un autre hôtel où les étrangers on le droit de dormir. Nous prenons nos affaires, et suivons sous la pluie la voiture de police, l'enregistrement de nos passeports prend une plombe, c'est aussi ça la Chine!    

Jeudi 20 Octobre 

Huade-Kungbao-67Km

Nous traversons de nombreux villages et croisons cochons, ânes, moutons, vaches, poulets et autres volailles.
A Kangbao, nous prenons l'orage qui nous menaçait depuis un petit bout de temps.    

Vendredi 21 Octobre 

Kungbao-Mafangzi-69Km

Quand nous nous levons une certaine humidité règne. Le brouillard filtre les rayons du Soleil mais nous finissons par réussir à sécher la tente.
Un bout de la route est en piste mais rien  à voir avec la Mongolie, ici pas de risque de s’ensabler.
Au moment de chercher un bivouac, nous nous rendons compte qu'une voiture roule à faible vitesse, on nous observe. Un homme fini par en sortir et nous demande de le suivre, il insiste. Il a apparemment, moyennant finance, un hébergement pour nous. Nous sommes obligés d'attendre qu'il ne nous voit plus pour prendre la tangente, cachés en haut d'une colline nous le regardons faire un dernier aller-retour, les phares éteints et roulant au pas....   

Samedi 22 Octobre 

Mafangzi-Datan-84Km

Nous sommes à la recherches de bouteilles d'eau et une jeune chinoise qui parle anglais nous y aide.
Nous sommes dans une large vallée apparemment touristique, il est même possible d'y skier, seul un télésiège permet de monter en haut des pistes.
Difficile de trouver un coin pour bivouaquer, heureusement, une bouteille de vin chinois nous rend joyeux, un bon petit apéro.   

Dimanche 23 Octobre 

Datan-Fengning-76Km

La surprise du jour: tout est enneigé et glacial, ça rend les paysages magnifiques mais le démontage de la tente se fait dans le froid.
Pour couronner le tout, rien de tel qu'un col pour monter plus haut et se rafraichir encore un peu plus dans la descente. Celle-ci se révèle piégeuse, glacée dans les virages. D'ailleurs une voiture a eu quelques problème et s'est retrouvée dans le fossé.
La descente se fait dans une étroite vallée cernée de sommets en pointes et de belles falaises. Accroché dans une d'entre elles, un boudha. Pour y accéder de petites marches ont été taillées dans la pierre.
Les températures remontent un peu mais nous décidons tout de même de prendre une chambre dans un hôtel.  

Lundi 24 Octobre 

Fengning-Zhaling-73Km

Nous prenons notre temps pour sortir de la ville, on nous pose des questions, on goûte a des brochettes de pommes caramélisées, on nous offre le thé et des sortes de boules de semoule de maïs et pour finir, nous nous trompons de route.
C'est dans une étroite vallée que nous nous enfilons, nous suivons une jolie rivière, le Soleil rosit les falaises, il est déjà l'heure de planter la tente. C’est incroyable comme les journées passent vite.    

Mardi 25 Octobre

Zhaling-Près de Luamping-71Km

Il est étonnant de voir comment le moindre bout de terre est utilisé pour l'agriculture, de petit vallons sont utilisés en terrasse pour faire pousser du maïs. Celui-ci est séché un peu partout, décorant d'un beau jaune les maisons des villages où nous passons.
Quelques raides petites montées agrémentent la journée.

Mercredi 26 Octobre 

Près de Luamping-Gubeikou-63Km

Très vite la grande muraille apparait. Je suis alors fasciné tellement celle-ci a été construite dans des endroits incongrus. Elle monte et descend, passe sur des crêtes, elle épouse le moindre mouvement de terrain à la perfection.
Nous galérons un peu, impossible de trouver la guesthouse voulue, les nombreuses collines et vallées forment un véritable labyrinthe.
Nous tournons en rond et finissons par revenir à Gubeikou, se qui se révèlera un choix judicieux.
En effet nous y trouvons une chambre chez l'habitant, les propriétaires sont très gentils et prévenants et le village est un bon point de départ pour visiter la muraille.

Jeudi 27 Octobre  

Au programme une belle journée qui s'annonce, nous montons par une jolie sente, la suite se passe sur la muraille.
La première partie n'est pas restaurée mais tout de même bien conservée, et surtout nous pouvons bien en profiter car nous sommes seuls. A nous la muraille!
Nous sinuons au gré des courbes des collines, parfois en fond de vallée, parfois sur les crêtes.
Nous passons la journée à nous promener et à profiter du paysage. Nous finissons sur une partie restaurée et apercevons une fraction de la muraille qui s'appelle Simatai. Elle passe alors sur une crête entourée d’à-pics impressionnants. On se demande  comment il a été possible de construire une telle forteresse en ces lieux.

Vendredi 28 et Samedi 29 Octobre

Gubeikou-Huairou-86Km et Huairou-Pekin-65Km

Place à la ville, nous avons continuellement l'impression d'entrer dans la capitale de la Chine, l’urbanisation va croissant, le trafic et le bruit de même.
Un couple en harley davidson nous aide à trouver notre guesthouse qui se trouve dans de petites ruelles, des hutongs, un véritable dédale et le cœur même de la ville.
Parfait pour se reposer et visiter cette immense cité......

Pour terminer voici le blog de Seb et Elodie:



http://vacommejtepousse.over-blog.com/